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Les paysans-verriers, maîtres de la terre et du feu

La tradition verrière s’est perpétuée grâce à l’industrie du luxe comme les cristalleries de Saint-Louis, Lalique et le centre de Meisenthal.

Dans la partie nord du Massif vosgien, les paysans ont développé pendant plus de deux siècles un savoir-faire dans le domaine de la verrerie et de la cristallerie.

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En Alsace, dans la partie correspondant à l’actuel parc naturel régional des Vosges du Nord, la nature a donné aux hommes tous les éléments indispensables à la fabrication du verre et du cristal : le sable, le bois et l’eau. Dès la fin du Moyen-Âge, de nombreuses verreries dit volantes se développent, se déplaçant en fonction des concessions de bois. Au XVIIIe siècle, elles se sédentarisent et certaines d’entre elles connaîtront une destinée prestigieuse.

Alternance entre productions agricoles et verrerie

Dans ces contrées rudes, l’agriculture et l’artisanat constituaient pour beaucoup les seuls moyens de gagner leur vie. Pour améliorer leur existence, les paysans du secteur se sont mis à fabriquer du verre, là où ils avaient accès au bois nécessaire pour alimenter les fours. Au XVIIIe et au XIXe siècles principalement, la production était surtout pratiquée pendant l’hiver, lorsque les travaux agricoles étaient moins intenses.

Les paysans-verriers collectaient du sable, de la chaux et du bois, puis utilisaient des techniques traditionnelles pour fondre les matériaux et façonner le verre. Comme les paysans-horlogers dans la vallée de Joux en Suisse, ils travaillaient à façon pour les grandes maisons des environs.

« Un sentier des verriers »

Cette double activité a permis un aménagement du paysage, dans ces zones humides et très boisées. Autour des hameaux, les terrains difficiles ont été convertis en prairies de fauche et des canaux de drainages construits. Cette économie locale qui avait commencé à régresser à la fin du XIXe, a été abandonnée peu à peu en raison de la pénurie de bois, malgré les efforts des verreries pour gérer les coupes de façon rationnelle. Surtout l’industrialisation et l’arrivée de méthodes de production plus efficaces, en ont précipité la fin.

La double activité a totalement disparu au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Les vallées ont alors été gagnées par les friches. Des plantations d’épicéas ont été réalisées pour en développer l’utilisation forestière. Depuis trente ans, des communes, avec le concours du parc naturel régional des Vosges du Nord créé en 1975, ont introduit des bovins de race highland cattle pour maintenir ces espaces ouverts. Quant à la tradition verrière, elle s’est perpétuée grâce à l’industrie du luxe comme les cristalleries de Saint-Louis, Lalique et Meisenthal.

Ensemble de flacons de parfum appartenant à la collection du musée Lalique. (©  K. Faby - Coll. Musée Lalique )

Aujourd’hui, un « sentier des verriers » au départ de Wingen-sur-Moder, mis en place par l’association des Amis du musée Lalique et balisé par le Club vosgien, permet de partir sur les pas des paysans-verriers. Ce circuit en boucle est jalonné de 12 panneaux qui reprennent des éléments paysagers, architecturaux, historiques et toponymiques caractéristiques de cette double activité.

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